Jaume est un nom très répandu dans les rues de Majorque. C’est en effet le patronyme d’une lignée de rois conquérants incontournables du Moyen-Age : Jacques. Jaume I est le premier à assurer la reconquête des Baléares aux mains des Maures au XIIIe siècle. Son exploit médiéval est célébré depuis 8 siècles tous les 31 décembre.
Qui est Jaume I ?
Si l’enfance de Jaume I est marquée par les intrigues et les jeux de pouvoir, sa reconquête chrétienne sur le monde musulman est à la hauteur de ses ambitions.
L‘enfance tourmentée du roi d’Aragon
Connu en France sous le nom de Jacques le Conquérant (1208-1276), Jaume Ier roi d’Aragon, comte de Barcelone et seigneur de Montpellier, n’a pas connu une enfance heureuse. A peine deux ans après sa naissance, le mariage de ses très honorables parents capote.
Son père, Pierre II le Catholique répudie son épouse, Marie de Montpellier, et promet d’épouser Amicie de Monfort, fille de son grand rival Simon de Montfort. Mais Pierre meurt au combat avant d’honorer sa promesse. Jaume est alors livré comme otage à Simon et vit reclus au château de Carcassonne. Toutefois sa mère œuvre pour le libérer.
En effet, Marie de Montpellier n’a pas du tout digéré l’humiliation de son époux. Trahie dans le passé par les hommes de son entourage, elle sait qu’elle ne peut compter que sur elle-même. Elle décide alors de s’en remettre à la plus haute autorité : le Pape Innocent III. Elle obtient son soutien et l’assurance que son union avec le roi d’Aragon ne sera pas dissoute. Consciente que son audace la met en danger, elle rédige dès 1209 un testament dans lequel elle désigne les Templiers comme gardiens de son fils. En 1213, elle désigne le Pape comme son exécuteur testamentaire et décède la même année à Rome, probablement empoisonnée.
Innocent III intervient alors pour faire libérer le fils de sa protégée, qu’il confie, comme Marie le souhaitait, aux Templiers.
Il a 6 ans lorsqu’il est reconnu roi et son jeune âge le rend vulnérable aux luttes d’influence entre grands barons.
Protégé par les Templiers mais marqué par d’incessantes guerres féodales, il décide à 20 ans de signaler son indépendance par un fait d’armes éclatant : la conquête de Majorque.

L’incroyable reconquête médiévale des Baléares
Depuis 1220, les marchands de Barcelone, Tarragone et Tortosa souffrent des attaques des pirates majorquins au service du pouvoir almohade et demandent de l’aide au roi d’Aragon. L’expédition est d’envergure et Jaume Ier ne peut agir seul. Avec l’aide des puissances italiennes, des Templiers, des financements français et la bénédiction du Pape, Jaume part en croisade le 5 septembre 1229. Direction Majorque. La flotte blanche catalane compte 155 navires à voiles blanches, 1 500 chevaliers et 15 000 soldats. Après une campagne et un siège de 4 mois, la cité est prise le 31 décembre 1229.
En 1232, Jaume libère Eivissa (Ibiza). Quant à Minorque, la cité négocie un traité de protectorat en 1231 qui la met à l’abri des convoitises chrétiennes jusqu’en 1285.
Le nouveau roi de Majorque se tourne alors vers Valence, qu’il emporte en 1238, puis Xàtiva et Biar (1244-1245) et enfin Murcie (1266), qu’il donne à son gendre Alphonse X le Sage de Castille.
C’est de ces conquêtes que Jaume tire le surnom de « Conquérant ».

La célébration de Jaume I : la fête de l’Etendard du 31 décembre
En mémoire de la victoire du 31 décembre 1229, les Majorquins célèbrent la Festa de l’Estendard.
Une fête classée bien immatériel au patrimoine de l’UNESCO
La fête de l’Etendard est une des plus anciennes fêtes civiles européennes. Classée bien culturel immatériel au patrimoine de l’UNESCO, (comme le chant de la Sibylle du 24 décembre), les festivités s’ouvrent avec un discours inaugural à la mairie de Palma, plaça de Cort, le 31 décembre et se clôturent le 1er janvier avec une offrande florale déposée devant la statue de Jaume I plaça España. Un concert a ensuite lieu sur la place.
Les activités plus festives se déroulent toutefois le 31 décembre.

La cérémonie de l’étendard du 31 décembre à Majorque
Le 31 décembre, un cortège composé de tambours, danseurs et du Joch de Ministrils du Conseil de Majorque, se dirige vers la cathédrale de Palma. Là-bas, l’évêque de Majorque célèbre une messe solennelle d’action de grâce.
Après l’office, le cortège a rendez-vous à midi, plaça de Cort, pour la représentation de La Colcada de Pere d’Alcàntara Penya. Il s’agit d’une composition poétique qui décrit la célébration de l’Etendard au milieu du XIXe siècle.
Vient pour finir la remise des médailles d’or de la ville et la nomination des personnages illustres de la ville de Palma.

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